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GUILBAUD, JULIETTE

La diffusion des idées jansénistes par le livre français en Europe centrale aux xviie et xviiie siècles

Périodiquement renouvelée, la question de la diffusion du jansénisme en territoires de langue allemande et en Europe centrale, aux xviie et xviiie siècles, reste encore un vaste terrain de recherches mêlant histoire sociale, culturelle, politique et religieuse, mais aussi différentes histoires nationales liées alors à celle de l’Empire et des États de la maison des Habsbourg d’Autriche. Si l’on s’accorde à reconnaître au livre un rôle essentiel dans l’ “exportation” des idées jansénistes,[1] les routes par lesquelles il a circulé demeurent largement méconnues.

Les recherches présentées ici s’inscrivent dans le cadre d’une thèse de doctorat portant sur le Parisien Guillaume Desprez, libraire et imprimeur du Roi dans la seconde moitié du xviie siècle. Par son ascension dans la hiérarchie et sa réussite professionnelle, à partir de sa réception comme libraire en 1651, il s’inscrit remarquablement dans l’histoire du livre et de l’édition du xviie siècle et lègue à son fils Guillaume II, au début du xviiie siècle, l’une des officines les plus prospères de Paris, en relation avec des libraires et imprimeurs de province et de l’étranger. Ses relations avec Port-Royal, pour lesquelles il apparaît rapidement comme l’un des libraires attitrés des jansénistes, mais aussi ses efforts pour s’attirer opportunément la bienveillance du pouvoir royal, le place au cœur de l’histoire politico-religieuse de son temps. Au chapitre de l’histoire sociale, enfin, Desprez constitue un exemple de réussite individuelle, en permettant à ses descendants d’accéder à la notabilité.

Partie intégrante de ce projet, la reconstitution du catalogue de Guillaume Desprez[2] a été entreprise, d’abord pour mettre en évidence les orientations de sa production imprimée, au-delà du simple qualificatif “janséniste”. Parallèlement, la recherche systématique d’exemplaires des éditions recensées devrait permettre de mieux connaître les voies de diffusion du livre janséniste et des idées dont il est porteur. Commencée dans les bibliothèques parisiennes et de province, l’enquête s’est poursuivie dernièrement dans des bibliothèques allemandes et d’Europe centrale, dans l’intention de mettre en évidence les modalités de transmission des idées jansénistes par le livre dans ces régions. Lors des examens de bibliographie matérielle réalisés à cette occasion, une attention particulière est portée aux éventuelles marques de provenance contenues dans les ouvrages (ex-libris, reliures aux armes, notes manuscrites, etc.). C’est à l’aide de ces indications, en se gardant bien de les “surinterpréter”, que nous voudrions jeter un éclairage sur les routes suivies par le livre dit janséniste hors du royaume de France, vers des territoires où se sont ultérieurement (essentiellement au xviiie siècle) développés des courants de pensée philojansénistes, voire jansénisants.

Après un rappel des diverses sources utilisées dans la reconstitution du catalogue seront évoqués les bibliothèques dont les fonds ont été examinés, ainsi que les différents critères ayant présidé à leur sélection. La dernière partie se veut une présentation non exhaustive de quelques-uns des résultats de cette enquête encore en cours.

La reconstitution du catalogue d’un imprimeur ou d’une officine d’imprimerie[3], outil d’importance non négligeable – pour ne pas dire primordial – pour le bibliographe, est paradoxalement à l’image d’un parcours semé d’embûches, devant la multiplicité des sources à exploiter et leurs carences respectives.

Les catalogues de livres, imprimés par Guillaume Desprez lui-même tout au long de sa carrière, offrent un premier aperçu de ce que l’on pourrait prendre pour “le” catalogue des impressions sorties de ses presses. Conclusion par trop hâtive, puisque s’y mêlent, le plus souvent sans signe distinctif pour l’historien, le fonds (ou sortes) et l’assortiment, c’est-à-dire les « livres dont un éditeur-libraire n’assure que la vente, à l’édition desquels il n’a pris aucune part et dont il n’est pas le distributeur privilégié ».[4] Pour Desprez ont été dépouillés, pour en faire une juste répartition des titres (entre fonds et assortiment), les quatre catalogues conservés à la Bibliothèque nationale de France,[5] ainsi que les neuf du fonds de la bibliothèque Mazarine (Paris).[6] De format variable (12o, 8o, 4o), de six à huit pages, seuls deux des catalogues examinés contiennent exactement les mêmes titres. Un seul exemplaire porte sa date d’origine (imprimée : 1675). Cela n’empêche toutefois pas la datation a posteriori des autres catalogues, si l’on prend soin de comparer les titres qu’ils contiennent (et dont on connaît par ailleurs l’année d’impression), ainsi que les mentions d’éditions annoncées comme imminentes – qui, malheureusement, sont parfois /imminentes/ plusieurs années durant ! Cette datation rétrospective laisse envisager une assez bonne représentativité de l’ensemble de l’échantillon de catalogues – répartis de la décennie 1670 jusqu’aux premières années du xviiie siècle –, d’autant plus que Desprez n’est à l’origine que libraire, et imprimeur seulement occasionnel, avant d’exercer pleinement les deux activités.[7]

Les registres concernant la librairie, de plusieurs natures, ainsi que les procès-verbaux ou comptes rendus des visites et enquêtes auprès des gens du livre, ne sont pas dépourvus d’un moindre intérêt, malgré la mauvaise tenue notoire de certains d’entre eux, notamment dans la seconde moitié du xviie siècle. Parmi ces sources, on peut citer le registre de la Caisse de conversion, rassemblant « differens memoires concernant la fourniture des livres faites [sic] aux nouveaux catholiques pour leur instruction »,[8] autrement dit, les contrats passés entre les autorités et les libraires et/ou imprimeurs après la Révocation de 1685, au sujet des livres devant désormais “faire autorité” auprès des Nouveaux Convertis. Y sont détaillées notamment les dépenses engagées par les libraires et imprimeurs pour la fabrication des ouvrages recommandés, ainsi que les sommes perçues par les gens du livre pour la fourniture de ces volumes. Ainsi Desprez engage-t-il les sommes suivantes pour l’impression du Catéchisme du concile de Trente, 12o, contenant

30 feuilles ½. Le papier luy couste la rame 6 l. t. L’impression la rame 5 l. t. L’assemblage la rame 5 s. [Le tout] 11 l. t. 5 s. C’est pour le blanc 14 s. Pour la relieure en parch. carton 5 s. En veau 8 s.[9]

Durant l’année 1685, Desprez fournit un total de trois cent cinquante volumes pour une somme de 437 l. t. 10 s.,[10] puis, entre le 1er avril et le 1er juillet 1686, cinq cent cinquante volumes pour 740 l. t. le tout.[11] Ont été également dépouillés les registres de privilèges accordés par le chancelier entre les années 1653 et 1710, que ce soit pour des impressions ou des réimpressions,[12] les registres de saisie d’ouvrages au titre du dépôt légal, loin d’être toujours appliqué,[13] le registre des livres de privilèges reçus par la bibliothèque du Roi de 1684 à 1720,[14] ou encore la fiche rédigée sur Desprez lors de l’enquête du Bureau de la librairie de 1701 qui indique, entre autres informations sur la formation du maître ou la composition de son atelier en matériel et en personnel, les ouvrages dont l’impression est en cours, en l’occurrence,

la bible de M. de Saci latine & francoise de petit romain, [mais Desprez] ne peut dire le nombre de feuillets n’estant pas preste d’estre achovée. Il imprime encore la Pratique de la prière continuelle petit in douze.[15]

De façon partielle pour l’un, et (théoriquement) exhaustive pour l’autre, le contrat de mariage[16] et l’inventaire après décès de Guillaume Desprez[17] offrent également une aide précieuse dans la reconstitution du catalogue de l’imprimeur. Le premier présente déjà, outre les modalités du contrat d’union proprement dit, un « estat sommaire des marchandises […] appartenant a Desprez »[18] – en l’occurrence, les livres –, tandis que le second, en séparant cette fois fonds et assortiment, dresse en une vingtaine de pages la liste supposée complète des titres et le nombre de leurs exemplaires respectifs conservés dans l’officine à la mort du libraire-imprimeur. Le principal écueil de ces actes notariés, pour l’identification des livres, reste leur formulation souvent très approximative et pas du tout systématique : le titre de l’ouvrage y est généralement retranscrit selon l’usage et non selon la page de titre, l’auteur ou le format, voire les deux, sont trop souvent omis. Quant aux volumes de peu d’importance ou mésestimés par les recenseurs, ils disparaissent littéralement dans des prisées globales (“X volumes de peu d’importance”, selon la formule consacrée !) sans que l’on en sache même la teneur.

S’ajoutent enfin à ces sources principales des mentions de titres glanées çà et là dans les mémoires, journaux contemporains, ou autres écrits retranscrivant notamment la polémique politico-religieuse déclenchée par les publications jansénistes. On ne saurait non plus omettre de citer parmi les sources, entre autres ressources électroniques, le catalogue informatisé de la Bibliothèque nationale de France.[19] Configuré notamment pour pouvoir faire une recherche par nom d’éditeur, libraire et/ou imprimeur, il se révèle – quand il fonctionne ! – une aide précieuse, mettant en quelques minutes à la disposition du chercheur plusieurs centaines de notices enregistrées à l’adresse de Guillaume Desprez, dans la seconde moitié du xviie siècle. Il faut toutefois se garder d’un trop grand optimisme, puisque les quelque six cents notices trouvées par le sondage mêlent aussi bien les éditions originales que les contrefaçons, connues, supposées ou encore non dévoilées, sans parler des doublons ni des erreurs de catalogage. Quelques sondages aléatoires supplémentaires ont ainsi fait ressortir des titres sinon introuvables, du moins non recensés par une recherche méthodique – en raison de coquilles dans la rédaction de la notice, par exemple. Autant d’exemples de sources, donc, pour montrer combien leur recoupement est indispensable pour pallier les incomplétudes ou la difficulté d’exploitation des unes ou des autres. Enfin, les premiers sondages effectués dans les catalogues de vente n’ayant pas laissé entrevoir un apport suffisant à ce stade de l’enquête, l’exploitation de cette source n’a pas été poursuivie pour l’instant.[20]

 

Une fois dressée la liste des impressions supposées sorties de l’imprimerie Desprez, il convient d’en examiner tous les titres dans les éditions mises en évidence et d’en faire la collation méthodique selon les règles et conventions de bibliographie matérielle en usage,[21] afin de pouvoir proposer un catalogue d’impressions dans lequel se seront glissées le moins de contrefaçons possible. L’examen bibliographique en France étant encore en cours,[22] ne seront ici évoquées que les recherches menées dernièrement en Europe centrale où ont été diffusées, par la conjonction de plusieurs influences, les idées jansénistes parties de France.

C’est avec un certain retard, du moins un recul de quelques décennies par rapport à la chronologie qui est la sienne en France, que le jansénisme pénètre en territoires allemands[23] et, plus généralement, dans les terres d’Empire et les États héréditaires de la maison des Habsbourg d’Autriche, principalement lorsqu’est fulminée en 1713 la bulle pontificale Unigenitus. Jusque-là, rares sont encore les théologiens ou prédicateurs qui, à l’instar de Jean La Placette, pasteur français réfugié à Berlin au moment de la Révocation, exportent de fait les idées jansénistes en tentant d’adapter certains principes moraux prônés par les théologiens proches de Port-Royal comme Pierre Nicole.[24] Ce sont en effet les protestants qui, en révélant les points communs entre l’augustinisme et les principes professés par les réformés sur la grâce, la morale et le gouvernement de l’Église, se font les premiers vecteurs des idées jansénistes.

Mais c’est surtout à partir des années 1720 et dans la seconde moitié du xviiie siècle que se révèle une véritable influence de la pensée janséniste, jusque dans les cercles du pouvoir autour de l’impératrice Marie-Thérèse. Car c’est d’abordla noblesse, lettrée, et dont certains membres ont même fait leur Kavaliertour en France dès le début puis tout au long du siècle, qui s’imprègne de la littérature polémique publiée autour de Port-Royal par les Messieurs comme par leur contradicteurs jésuites – littérature et débat qu’elle rapporte à son retour dans les territoires autrichiens.[25] On peut citer le cas du prince Eugène de Savoie (1663–1736), émigré de France en 1683 et entré alors au service de Léopold Ier ou encore, celui du comte František Antonín Šporck (1668–1738) qui, pour sa part, en lutte contre les autorités pour ses engagements, n’en demeure pas moins le grand promoteur des idées jansénistes en Bohême, depuis son château de Kuks et par l’intermédiaire de son imprimerie située à Lysá-nad-Labem.[26] Avant même de recevoir les conseils de son médecin Gerhard Van Swieten, venu des Pays-Bas et « adepte d’une spiritualité plus exigeante et plus intérieure et [partisan d’un] culte religieux et raisonnable »,[27] Marie-Thérèse a elle-même été éduquée dans un milieu attaché à des habitudes rigoureuses de pratique, héritées notamment du protestantisme. Pour des “nouveaux catholiques”, tels l’impératrice Élisabeth Christine ou le chancelier Bartenstein, précepteur du futur Joseph II, le jansénisme incarne une morale exigeante, finalement en phase avec l’objectif de la Réforme catholique qui est de lutter contre les excès du catholicisme baroque.[28] Ainsi transmis en Autriche par la noblesse et par un haut clergé philojanséniste promoteur du Reformkatholizismus, pour des raisons d’abord plus politiques que morales– en réaction au centralisme romain incarné, loin de Rome, par la Compagnie de Jésus[29] –, le jansénisme gagne à la fin du xviiie siècle le clergé de moindre rang (élevé au séminaire et à l’université de Vienne), qui y voit des principes moraux particulièrement recommandables aux fidèles.[30]

Quoique moins bien connu, le “jansénisme hongrois” connaît lui aussi son développement par l’intermédiaire de la noblesse et du haut clergé. Au sein de la première, on peut citer l’exemple du prince Rákóczi qui, après avoir connu le jansénisme lors d’un séjour en France – notamment à l’occasion d’une retraite chez les Camaldules de Grosbois –, s’en fait le promoteur et un lecteur acharné, après sa conversion (1715) et jusqu’à sa mort en 1735, comme le montre l’inventaire de sa bibliothèque de Rodosto (dans l’actuelle Turquie).[31] Parmi les prélats, des évêques comme György Klimó, à Pécs,[32] ou Ferenc Herzan, à Szombathely, ont également été lecteurs et vecteurs, dans leur diocèse, du jansénisme français.[33]

Le transfert de la pensée janséniste en Europe centrale, dans tous les sens du terme – c’est-à-dire telle quelle, partiellement et/ou pour en faire une “adaptation locale” – ne pouvant être contesté, il semble légitime de s’interroger sur le mode de diffusion de ces idées. C’est dans ce but qu’a été menée la recherche d’exemplaires d’éditions Desprez dans les fonds de plusieurs bibliothèques : à Vienne, la bibliothèque nationale autrichienne (Österreichische Nationalbibliothek, önb) ; à Budapest, la bibliothèque nationale hongroise (Országos Széchényi Könyvtár, oszk) et la bibliothèque universitaire (Eötvös Loránd Tudományegyetem / Egyetemi Könyvtár, elte) ; à Prague, la bibliothèque nationale tchèque logée dans le Klementinum (Národní Knihovna Èeské Republiky, nkp) et la bibliothèque du monastère de Strahov (Strahovská Knihovna, sk). On pourra naturellement contester la représentativité de bibliothèques dites nationales, de même que l’absence regrettable de certaines institutions (telle la bibliothèque universitaire de Vienne), ou celle encore de bibliothèques ecclésiastiques, privées – princières ou religieuses[34] –, susceptibles de conserver des ouvrages jansénistes.[35] Il va sans dire que les résultats ici présentés ne sauraient être généralisés sans l’apport d’analyses complémentaires, mais se veulent plutôt les premiers fruits d’une enquête en cours. Le choix s’est porté sur des bibliothèques nationales non en tant que telles, mais pour des contraintes d’abord matérielles : en un temps limité, ces institutions conjuguaient à la fois la richesse et la variété du fonds, une facilité d’accès appréciable (par rapport à des institutions “privées”) et, dans le meilleur des cas, la mise à disposition de ressources électroniques facilitant les conditions de consultation des ouvrages (dans un souci, il faut l’avouer, de rentabilité de l’entreprise dans le temps imparti). La qualité de la production de Guillaume Desprez, que l’on a pu qualifier à bon droit de “libraire de Port-Royal”, couvre assez bien l’ensemble du spectre des ouvrages dits jansénistes : on y retrouve les écrits d’Antoine Arnauld, de Pierre Nicole (ouvrages de morale et écrits plus polémiques), les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament dans la traduction de Le Maistre de Sacy, des éditions de saint Augustin ou de saint Fulgence, les traités mathématiques comme philosophiques de Pascal, etc. S’attacher à repérer ces éditions en particulier n’a donc rien de hasardeux.

Des examens de bibliographie matérielle menés en bonne et due forme accordent une attention particulière à la description des marques de provenance portées par les ouvrages : marques de possession externes – telles les reliures aux armes –, ou internes comme les ex-libris, les dédicaces, les simples notes manuscrites, etc. Toutefois, il est absolument impératif d’en faire une interprétation raisonnée, sous peine de prêter le flanc à une critique méthodologique pleinement justifiée. À cet égard, il n’est pas inutile de rappeler certains points qui, tout évidents qu’ils paraissent, n’en sont parfois que plus vite oubliés. D’abord, le possesseur d’un ouvrage n’est pas toujours identifiable, faute de quelque marque de provenance que ce soit (et c’est très souvent le cas) ; quand il l’est, il n’est pas toujours, loin s’en faut, connu (qu’il s’agisse d’un particulier ou d’une collectivité). Ensuite, posséder un livre ne signifie pas nécessairement l’avoir lu. Enfin, en matière de littérature polémique, comme c’est le cas ici pour les ouvrages jansénistes, on peut être détenteur d’un livre pour deux raisons diamétralement différentes, à savoir l’adhésion, ou au contraire le désaccord avec le contenu. (Dans ce dernier cas, connaître les arguments de l’adversaire permet de mieux le combattre, comme on peut s’y attendre de la part des Jésuites.) La bibliothèque “contemporaine” comme institution, lieu de conservation et de consultation doué d’une histoire propre, par le fait qu’elle a pu acquérir et intégrer dans ses fonds des éditions effectivement du xviie siècle, mais à une époque bien ultérieure (et pour une durée parfois limitée), joue ici pleinement son rôle d’intermédiaire en facilitant l’accès à des ouvrages de consultation sinon beaucoup plus confidentielle.[36]

Il s’agit donc avant tout d’examiner dans quelle mesure le livre, comme objet matériel, a pu être un vecteur de diffusion du jansénisme français en Europe centrale. Les voyages parisiens, voire les visites à Port-Royal de quelques nobles allemands, autrichiens, de Bohême ou de Hongrie, non plus que les séjours d’études des futurs hauts ecclésiastiques au Collegium Germanicum de Rome – à l’occasion desquels ils ont pu s’imprégner de la pensée augustinienne soit pour la faire leur, soit pour la combattre[37] –, ne sauraient expliquer à eux seuls la propagation et l’évolution des idées jansénistes dans les territoires d’Empire et les États héréditaires. Rares sont également, semble-t-il, les correspondances assidues entre les partisans français et étrangers, du moins sur les questions théologiques et politiques au cœur des controverses.[38] Car s’il est un correspondant actif et efficace pour relier les cercles jansénistes français, hollandais, allemands et autrichiens, organiser l’envoi massif d’ouvrages de la France vers l’étranger, et assurer la diffusion des Nouvelles ecclésiastiques, c’est bel et bien Gabriel Dupac de Bellegarde (1717–1789),[39] proche de l’Église d’Utrecht et éditeur scientifique de la prestigieuse édition in-quarto des œuvres d’Antoine Arnauld en quarante-trois tomes.[40] Enfin, une fois sur place, que ce soit en Autriche, en Bohême ou en Hongrie, comment et par qui les livres jansénistes peuvent-ils être transmis, et avec eux leur contenu ?

Les examens des exemplaires des éditions Desprez retrouvés dans les bibliothèques d’Europe centrale mettent en évidence plusieurs aires de réception de ces ouvrages. Les cercles du pouvoir constituent l’une d’entre elles, comme semblent le montrer plusieurs titres détenus par le prince Eugène de Savoie. Sa bibliothèque, rassemblant quelque quinze mille volumes aujourd’hui conservés à Vienne (önb), s’est constituée par les achats successifs commandés par le prince à des agents à travers toute l’Europe. Reliés en maroquin de couleur différente selon leur contenu, les ouvrages les plus précieux portent en plus les armes du prince, reconnaissables à la croix de Savoie et à la chaîne de l’ordre de la Toison d’or.[41] Parmi eux ont été retrouvées plusieurs “éditions Desprez”, dont les œuvres de Fulgence,[42] promoteur de l’augustinisme et très prisé pour cette raison des jansénistes, un traité d’Antoine Arnauld et/ou Pierre Nicole,[43] un traité de morale,[44] ainsi qu’une contrefaçon de la première édition des Pensées de Pascal.[45] À un niveau différent, les ordres religieux se montrent naturellement sensibles à la littérature janséniste (outre le fait que devrait être certainement conservé un grand nombre des éditions recherchées dans des bibliothèques jésuites). On peut citer, à titre d’exemple, les augustins du couvent Sainte-Catherine de Prague, détenteurs des œuvres de saint Fulgence déjà rencontrées,[46] ou encore des oratoriens lecteurs des traités physiques et mathématiques de Pascal,[47] conformément à leurs préoccupations scientifiques. À un autre niveau de la hiérarchie ecclésiastique, on retrouve des ouvrages jansénistes jusque dans les bibliothèques diocésaines : ainsi en Hongrie, à Szombathely, une bible de la traduction de Le Maistre de Sacy, mais plus tardive, sortie des presses de Guillaume Desprez fils en 1724.[48] De façon semblable, la bibliothèque diocésaine de Pécs semble conserver une importante collection d’éditions jansénistes françaises originales, qui devront être examinées prochainement pour être identifiées.[49] Une quatrième sphère de rayonnement, plus diffuse, se révèle enfin, celle de princes en marge des réseaux de pouvoir, mais qui se veulent dans leur entourage les promoteurs des idées et principes jansénistes. À l’instar des fonds diocésains, ces bibliothèques princières, parfois conservées intactes, restent encore à explorer dans le détail pour en identifier les éditions. L’inventaire des livres de Ferenc II Rákóczi, malheureusement ancien, laisse espérer des résultats non négligeables. Le tiers de sa bibliothèque est constitué par de la littérature janséniste (environ quatre-vingt-dix ouvrages), comme par exemple deux traités de Pierre Nicole ou une collection de livres de la Bible dans la traduction de Le Maistre de Sacy, ainsi que quelques autres éditions susceptibles d’être sorties des presses de Guillaume Desprez.[50] Qu’ils soient religieux ou laïcs, les milieux touchés en premier lieu par le jansénisme sont lettrés, car le livre semble bel et bien constituer un vecteur important de la diffusion de ces idées politico-religieuses. Il est également notable que, si les sphères de pouvoir (civil comme ecclésiastique) sont d’abord séduites par l’aspect politique, “gallican” du mouvement, refusant de se plier au centralisme romain, les autres princes, de leur côté, mettent plutôt l’accent sur la piété intériorisée et la morale rigoureuse telles qu’elles sont prônées par les jansénistes.

Un signe supplémentaire du succès du jansénisme en Europe centrale est probablement la large diffusion des contrefaçons dans ces régions. Un exemple particulièrement édifiant est l’abondance, dans toutes les bibliothèques explorées, des éditions des livres de la Bible dans la traduction de Le Maistre de Sacy, mais surtout dans leur forme contrefaite, à savoir en format 12o, œuvres vraisemblablement d’officines de Bruxelles ou d’Amsterdam. Dans le cas précis de la Bible, cela tendrait à confirmer l’hypothèse selon laquelle, la demande étant bien supérieure à l’offre, l’imprimeur Guillaume Desprez – officiellement seul détenteur du privilège d’impression des traductions bibliques de Sacy par contrat passé avec son exécuteur testamentaire[51] –, ne peut se prémunir contre une contrefaçon d’une telle ampleur. L’absence jusqu’ici constatée de toute tentative de poursuite en justice des contrefacteurs vient conforter cette idée, car Desprez est d’ordinaire plutôt procédurier. On ne saurait avancer l’argument de l’inefficacité de toute poursuite entamée contre des libraires et/ou imprimeurs non régnicoles, car plusieurs réseaux de gens du livre entre la France et les Pays-Bas se sont vus condamnés en justice sur la requête de Desprez lui-même.[52] Voire, ce dernier est loin d’être désarmé face à ses confrères étrangers, puisqu’il va même jusqu’à leur faire appel pour s’associer dans des entreprises d’impressions.[53]

Enfin, une autre des conséquences évidentes du succès de la littérature janséniste en Europe centrale est, après la diffusion des éditions originales accessibles à un public encore assez limité, le développement des traductions de ces œuvres en langue vernaculaire. Précurseur en la matière, le comte Šporck fait d’abord imprimer les traductions d’œuvres jansénistes (réalisées par sa fille) dans son imprimerie de Lysá-nad-Labem, avant de se faire auteur lui-même d’ouvrages d’inspiration janséniste. Que ce soit en Allemagne[54] ou en Autriche[55] dès les années 1760, ou une décennie plus tard en Hongrie,[56] la littérature janséniste fait tourner les presses. En Autriche, à la fin du xviiie siècle, 60 % des œuvres jansénistes imprimées sont des traductions.[57] Cette production est assurée pour un quart au moins par le Viennois Trattner qui contribue ainsi, à sa manière, à la diffusion du livre janséniste d’origine française. À l’exception de Trassler, établi à Brno en Moravie, tous les autres éditeurs jansénistes sont à Vienne, comme Hörling, en charge, à partir de 1785, des Wiener Kirchenzeitungen (Nouvelles ecclésiastiques de Vienne).[58] Et si les auteurs du jansénisme presque contemporain font plus largement recette que leurs prédécesseurs du xviie siècle, Pierre Nicole et ses Essais de morale connaissent encore un franc succès, notamment dans les rangs du clergé non épiscopal et d’une certaine bourgeoisie, soucieuse de pratiquer une religiosité respectable et sans excès.[59]

Dans l’attente d’examens plus nombreux, nous nous garderons bien de prêter au livre janséniste français une influence supérieure à celle qu’il a pu réellement avoir sur la diffusion des idées du mouvement en Europe centrale à la fin du xviie et au xviiie siècle. Ce serait négliger deux autres “filières” essentielles de propagation de cette pensée, passant par les Pays-Bas et l’Italie. L’influence des premiers se manifeste déjà, mêlée au réseau français, dans la circulation des contrefaçons, à laquelle il faut ajouter le rôle important de l’Église d’Utrecht. Et c’est encore à Louvain que Nicolas de Hontheim, alias Febronius, s’imprègne de la doctrine du canoniste janséniste Van Espen.[60] Attaché également au principe français du gallicanisme, il se prononce pour une restriction du pouvoir pontifical tendant vers l’épiscopalisme, dans son traité controversé De statu Ecclesiæ et legitima potestate Romani Pontificis (1763), formant le projet d’une Église impériale autonome non hostile à la réunion des confessions et rappelant, par certains aspects, le joséphisme.[61]

Quant à l’Italie, elle reste, par le rôle central de Rome dans la formation des évêques réformateurs de l’Empire, un lieu d’étape incontournable, où ceux-ci ont pu prendre connaissance des idées jansénistes. C’est en effet au Collegium Germanicum que s’est infiltré le courant de la sana dottrina prônée par Muratori, partisan d’un retour aux véritables sources du christianisme, à l’Écriture et aux Pères de l’Église, tendance qui n’est pas sans rappeler certains des principes mis en avant par les partisans de l’augustinisme.

Il ne fait cependant pas de doute que, à défaut de véritables relations entretenues entre l’Europe centrale et la France, le livre, cet objet imprimé, constitue une excellente “introduction” au jansénisme français, réservée cependant à une élite lettrée – incarnée par la noblesse, proche du pouvoir ou non, et les prélats. Introducteur d’idées politiques et religieuses nouvelles, dans des régions où se propagent à la fois la Réforme catholique, soucieuse de bannir les excès d’une religiosité trop baroque, et un mouvement d’opposition forte au centralisme romain, le jansénisme inspire tant le pouvoir civil que religieux dans leur volonté réformatrice, sous les règnes de Marie-Thérèse et Joseph II.

JULIETTE GUILBAUD

A janzenista eszmék térhódítása Közép-Európában a XVII–XVIII. században a francia könyvek segítségével

Az eszmetörténethez szorosan kapcsolódó egyéb kutatási területek, társadalom, kultúra, politika, vallás éppúgy, mint a különbözõ nemzeti történelmek idetartozó fejezetei, hatalmas, mindeddig kihasználatlan lehetõségeket rejtenek a történeti vizsgálódás számára.

A tanulmány a francia janzenizmus szinte „hivatalos” nyomdásza, könyvkiadója, Guillaume Desprez tevékenységének bemutatásával, egyúttal a janzenista eszmék terjedésének lehetõségeirõl is szól.

Desprez munkásságát több oldalról lehet és kell megközelíteni. A nyomdatermékek összeírása, katalogizálása, a könyvjegyzékek és leltárak felkutatása, bemutatása éppúgy, mint a Desprez mûhelyben megjelent mûvek meglétének vizsgálata különbözõ könyvtárak állományában, kiváló áttekintést ad az eszmetörténet, a politikatörténet és a nyomda- és könyvtörténet összefüggéseirõl. A vizsgálódás kiterjed az Osztrák Nemzeti Könyvtár, az Országos Széchényi Könyvtár valamint a prágai Národní Knihovna és a strahovi gyûjtemény állományára, így kísérelve meg számba venni a janzenista eszmék terjedésének mértékét a Közép-Európába ebben az idõben eljutó francia nyomtatványok segítségével.



[1] Le Jansénisme et la franc-maçonnerie en Europe centrale aux XVIIe et XVIIIe siècles [colloque, Paris, 1998]. Éd. Daniel Tollet. Paris, Presses universitaires de France, 2002. X–298 p., notamment les communications de Köpeczi, Béla: Le jansénisme de François II Rákóczi. 39–45., Radimská, Jitka: Le jansénisme dans les bibliothèques de Bohême au XVIIe siècle. 93–116., Tóth, Ferenc: Le jansénisme dans les collections de la bibliothèque diocésaine de Szombathely. 183–196., Lebeau, Christine: Les livres interdits dans la monarchie des Habsbourg : la prudence efficace (1754–1776). 245–261.

[2] Par “reconstitution du catalogue”, il faut comprendre plusieurs choses. Il s’agit d’abord de la recension des éditions sorties de presses de Guillaume Desprez, ou imprimées et/ou diffusées officiellement avec sa participation, c’est-à-dire, à l’exclusion des contrefaçons (portant parfois pourtant son adresse au titre !). Par ailleurs, un certain nombre de titres effectivement imprimés par G. Desprez, et pris en compte par exemple dans l’évaluation du roulement des presses, ne rentreront pas dans ce catalogue-ci : il s’agit des nombreux travaux réalisés par l’imprimeur dans son statut d’imprimeur du Roi, comme les règlements, arrêts, édits, mémoires, etc., tirés à de très nombreux exemplaires pour être diffusés auprès des administrations et des autorités compétentes. Le catalogue Desprez en train d’être constitué (puisqu’il n’y en a jamais eu encore sous cette forme finalement) se veut ainsi la présentation des éditions à caractère commercial et/ou littéraire imprimées par G. Desprez.

[3] On peut citer, parmi les exemples récents, Balsamo, Jean–Simonin, Michel: Abel L’Angelier & Françoise de Louvain. (1574–1620), suivi du Catalogue des ouvrages publiés par Abel L’Angelier (1574–1610) et la veuve L’Angelier (1610–1620). Genève, Droz, 2002. 636 p.

[4] Dictionnaire encyclopédique du livre. T. I. Dir. Pascal Fouché, Daniel Péchoin, Philippe Schuwer. Paris, Éd. du Cercle de la librairie, 2002. 164.

[5] Bibliothèque nationale de France (citée ci-après “BNF”), exemplaires cotés [Q‑9442, [Q‑8347, [Q‑2425 et [Q‑2426.

[6] Bibliothèque Mazarine, exemplaires cotés [4o A 11278‑3, [4o A 16030‑15, [4o A 16032‑10, [Réserve 4o A 16031‑1, [Réserve 4o A 16031‑2, [Réserve 4o A 15395‑9, [Réserve 4o A 15395‑10, [Réserve ms. 4299‑21 et [Réserve ms. 4300‑23.

[7] La recherche de ces catalogues, que l’on pourrait presque qualifier de publicitaires, se fait assez aisément dans les catalogues de bibliothèques, car leur titre commence toujours par « Catalogue des livres de Guillaume Desprez […] ». Il est intéressant de remarquer qu’ils témoignent des changements d’enseigne de l’officine de G. Desprez. Le plus ancien des catalogues consultés (probablement au début des années 1670) s’intitule « Catalogue des livres de Guillaume Desprez, libraire ruë Saint Jacques à Saint Prosper, avec les prix de chacun » (BNF, Q‑9442) ; celui que l’on peut à bon droit considérer comme l’un des plus tardifs de l’échantillon s’intitule quant à lui « Catalogue des livres de Guillaume Desprez, imprimeur et libraire ord. du Roy, qui a acheté tous les livres de défunt Charles Savreux, & qui demeure ruë S. Jacques, vis-à-vis la porte du cloistre des Mathurins, à l’enseigne de saint Prosper & des trois Vertus : tous les livres de ce catalogue avec leur juste prix, ainsi qu’il les vend à sa boutique » (BNF, Q‑2426). Or, c’est entre la mort de son confrère Charles Savreux (1669), autre libraire proche de Port-Royal, et 1673, date de son mariage, que G. Desprez rachète auprès de la veuve du défunt le fonds de sa librairie. C’est à partir de cette époque qu’il adjoint l’enseigne Aux Trois Vertus – autrefois celle de Ch. Savreux – à la sienne propre, À saint Prosper.

[8] BNF, manuscrit français 7054 (fonds cité ci-après “ms. fr.”).

0[9] BNF, ms. fr. 7054, fol. 14r.

[10] BNF, ms. fr. 7054, fol. 174r.

[11] BNF, ms. fr. 7054, fol. 170r.

[12] Registres de privilèges de librairie – années 1653–1660 : BNF, ms. fr. 21944 ; années 1660 (environ)–1673 : BNF, ms. fr. 21945 ; années 1673–1687 : BNF, ms. fr. 21946 ; années 1688–1699 : BNF, ms. fr. 21947. Extraits des registres du Conseil d’État – années 1703–1705 : BNF, ms. fr. 21948 ; années 1705–1710 : BNF, ms. fr. 21949.

[13] BNF, ms. fr. 22076.

[14] BNF, ms. archives Ancien Régime 34.

[15] BNF, nouvelles acquisitions françaises 400, fol. 118r.

[16] Archives nationales (citées ci-après “AN”), Minutier central des notaires parisiens (cité ci-après “MC”), étude CII, liasse 79, 12 p. : contrat de mariage entre G. Desprez et Catherine Mangeant (22 novembre 1673).

[17] AN, MC, étude XCVIII, liasse 372, 81 p. : inventaire après décès de G. Desprez (22 juillet et 22 octobre 1709).

[18] AN, MC, étude CII, liasse 79, p. 7.

[19] On peut citer comme autres ressources électroniques d’importance, également en ligne, le catalogue informatisé de la bibliothèque municipale de Lyon, ou le Catalogue collectif de France – ce dernier, d’utilisation moins commode, car il faut, pour l’interroger, au moins un auteur ou un titre ; une recherche par nom d’imprimeur, libraire et/ou éditeur n’est pas possible.

[20] Pour une première approche, Bléchet, Françoise: Les Ventes publiques de livres en France, 1630–1750. Répertoires des catalogues conservés à la Bibliothèque nationale. Oxford, Voltaire Foundation, 1991. 156 p.

[21] Parmi les ouvrages de références en la matière, on peut citer Gaskell, Philip: A New Introduction to Bibliography [1re éd., Oxford, Oxford University Press, 1972]. Winchester, St Paul’s Bibliographies / Newcastle (Del.), Oak Knoll Press, 1995, 438 p., et Bowers, Fredson: Principles of Bibliographical Description [1re éd., Princeton, Princeton University Press, 1949]. Winchester, St Paul’s Bibliographies / Newcastle (Del.), Oak Knoll Press, 1994. XXV–499 p.

[22] Les fonds français examinés de manière exhaustive sont : à Paris, ceux de la Bibliothèque nationale de France (auxquels sont associés ceux de la bibliothèque de l’Arsenal), de la bibliothèque de Port-Royal, si possible (pour des questions matérielles) de la bibliothèque Mazarine ; celui de la bibliothèque municipale de Lyon, contenant notamment le fonds de la bibliothèque jésuite des Fontaines. Des sondages dans le Catalogue collectif de France, ainsi que dans le catalogue rétrospectif (conversion en cours) des notices des bibliothèques municipales, devraient venir compléter cette recherche. L’idéal demeurant de pouvoir consulter en mains propres le plus grand nombre d’éditions pour en faire la recension exacte.

[23] Deinhardt, Wilhelm: Der Jansenismus in deutschen Landen. Ein Beitrag zur Kirchengeschichte des 18. Jahrhunderts. Réimpr. [de l’éd. de München, Kösel & Pustet, 1929]. Hildesheim, H. A. Gerstenberg, 1976. 28. : « Vor dem Jahre 1713 hat das katholische Deutschland von der jansenistischen Bewegung kaum recht Notiz genommen. »

[24] Pott, Sandra: Reformierte Morallehren und deutsche Literatur von Jean Barbeyrac bis Christoph Martin Wieland. Tübingen, M. Niemeyer, 2002. 24.

[25] Pirich, Gustav: Franz Giftschütz (1748–1788). Der erste Wiener Pastoraltheologe. Theologische Grundlinien in Leben und Werk unter dem Einfluß des Jansenismus, der katholischen Aufklärung und des Ultramontanismus. Würzburg, Seelsorge / Echter, 1992. 71.

[26] Quoiqu’ancienne, l’étude suivante reste de qualité, bien que nettement orientée du point de vue de l’histoire culturelle, Benedikt, Heinrich: Franz Anton Graf von Šporck (1662–1738). Zur Kultur der Barockzeit in Böhmen. Wien, Manz, 1923. 471 p. Sur la bibliothèque de Šporck (voir ci-après), entre autres princes de Bohême, voir Radimská, J.: Le jansénisme dans les bibliothèques de Bohême au XVIIe siècle…, 97.

[27] Tapié, Victor-Lucien: L’Europe de Marie-Thérèse. Du baroque aux Lumières. Paris, Fayard, 1973. 240.

[28] Bérenger, Jean: Histoire de l’empire des Habsbourg 1273–1918. Paris, Fayard, 1990. 473 ; Bled, Jean-Paul: Marie-Thérèse d’Autriche. Paris, Fayard, 2001. 351.

[29] Bérenger, J.: Histoire de l’empire des Habsbourg…, 473–474.

[30] Pirich, G.: Franz Giftschütz (1748–1788)…, 72.

[31] Köpeczi, B.: Le jansénisme de François II Rákóczi…, 39.

[32] Hölvényi, György: Katholische Aufklärung und Jansenismus in Ungarn. In: Katholische Aufklärung und Josephinismus [colloque, Wien, 1977]. Éd. Elisabeth Kovács. Wien, Verl. für Geschichte und Politik, 1979. 93–100 ; sur ce point, 99.

[33] Tóth, F.: Le jansénisme dans les collections de la bibliothèque diocésaine de Szombathely…, 189–196.

[34] L’intérêt incontestable des bibliothèques privées souffre malheureusement du fait qu’elles n’ont pas toujours été inventoriées et, lorsqu’elles l’ont été, elles ne sont aujourd’hui pas systématiquement conservées en un seul dépôt, ce qui rend la consultation de leurs ouvrages malaisée. Jusqu’à présent ont été consultés, parmi les inventaires disponibles, celui de la bibliothèque du prince Rákóczi par Zolnai, Béla: II. Rákóczi Ferenc könyvtára. Budapest, Királyi Magyar Egyetemi Nyomda, 1926. 27 p. ; pour Szombathely et la bibliothèque de l’évêque Herzan, le mémoire de Oravecz, Mónika: Les Livres de langue française de la bibliothèque diocésaine de Szombathely [mém. de fin d’études dactylographié]. Szombathely, 1994. 173 p. ainsi que l’inventaire réalisé par Nagy, Rezsõné–Géfin, Mária: A szombathelyi Herzan-könyvtár francia könyvei és kéziratai. Gyõr, Gyõregyházmegyei Alap Nyomdája, 1934. 96 p. L’enquête se poursuit.

[35] On peut par exemple s’attendre à trouver un grand nombre d’éditions jansénistes dans les bibliothèques de leurs principaux contradicteurs, les Jésuites.

[36] On peut citer comme exemple le cas français de la bibliothèque municipale de Lyon, dépositaire du fonds de la bibliothèque jésuite des Fontaines “seulement” jusqu’en 2049.

[37] L’influence italienne est largement mise en avant par Hersche, Peter: Der Spätjansenismus in Österreich. Wien, Verl. der österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1977. VIII–451 p. Sur le passage du jansénisme autrichien à l’Aufklärung, voir Hersche, P.: Les jansénistes en Autriche et en Allemagne face à la Révolution. In: Jansénisme et Révolution [colloque, Versailles, 1989 ; Chroniques de Port-Royal, no 39, 1990]. Éd. Société des amis de Port-Royal, Paris, Bibliothèque Mazarine, 1990. 253–268.

[38] Préclin, Edmond: L’influence du jansénisme français à l’étranger. = Revue historique, no 182, 1938. 24–71. E. Préclin cite l’exemple du chanoine régulier Eusèbe Amort, jeune prêtre et professeur du monastère haut-bavarois de Polling (à l’est de l’Ammer Bach et au sud-ouest du Würmsee), qui commença une correspondance avec le père Le Courayer, bibliothécaire de Sainte-Geneviève (31).

[39] Hersche, P.: Der Spätjansenismus in Österreich…, 232–234.

[40] Œuvres de messire Antoine Arnauld […]. Paris-Lausanne, S. d’Arnay, 1775–1783. 43 t., 4o.

[41] Les ouvrages de la bibliothèque d’Eugène de Savoie sont immédiatement identifiables, qu’ils soient ou non reliés aux armes du prince, car ils portent tous en tête de leur cote les initiales “BE”, pour Bibliotheca Eugeniana.

[42] Fulgence: Opera, quæ sunt publici juris,omnia […]. Paris, G. Desprez, 1684. 4o (ÖNB, BE.1.M.18).

[43] Le Renversement de la morale de Jesus-Christ par les erreurs des calvinistes […]. Paris, G. Desprez, 1672. 4o (ÖNB, BE.2.L.25).

[44] Esprit, Jacques: La Fausseté des vertus humaines […]. Paris, G. Desprez, 1678. 2 vol., 12o (ÖNB, BE.3.T.46–47).

[45] Pascal, Blaise: Pensées de M. Pascal sur la religion […]. Paris, G. Desprez [sic], 1670. 12o (ÖNB, BE.1.X.31).

[46] Fulgence: Opera, quæ sunt publici juris, omnia […]. Paris, G. Desprez, 1684. 4o (NKP, 29.G.6).

[47] Pascal, Blaise: Traitez de l’equilibre des liqueurs […]. Paris, G. Desprez [contrefaçon ?], 1663. 12o (ÖNB, 72.M.96).

[48] Oravecz, M.: Les Livres de langue française…, 30.

[49] Hölvényi, G.: Katholische Aufklärung und Jansenismus in Ungarn…, 99.

[50] Zolnai, B.: II. Rákóczi Ferenc könyvtára…, 23–25.

[51] AN, MC, étude LXXVI, liasse 83, 7 p. : contrat passé entre G. Desprez et Jean Issaly pour la cession des privilèges d’impression-édition de la “Bible de Sacy” (9 mars 1684).

[52] À titre d’exemple, on peut citer, au début du xviiie siècle, l’affaire opposant G. Desprez à François Godard, libraire de Reims, pour l’édition – qualifiée par Desprez de contrefaçon – d’une bible dans la traduction de Le Maistre de Sacy en 4 volumes, 2o, imprimée à Liège et Luxembourg. Voir à ce sujet BNF, ms. fr. 22071, pièce 199, 2o, 14 p. : « Mémoire, pour servir au procès qui est à juger entre Guillaume Desprez, imprimeur et libraire ordinaire du Roy : et François Godard, libraire à Reims ; Christophe Ballard, imprimeur à Paris ; & autres » [novembre 1702].

[53] C’est le cas en 1707, avec l’imprimeur d’Amsterdam Jean-Louis de Lorme, pour l’édition d’une bible française (dans la traduction de Le Maistre de Sacy) en 8 volumes 18o. On en retrouve trace dans la correspondance de J.-L. de Lorme, éditée par Van Eeghen, Isabella Henriette: De Amsterdamse Boekhandel 1680–1725. (T. I.), Jean Louis de Lorme en zijn copieboek. Amsterdam, Scheltema & Holkema, 1960. 179 p.

[54] Deinhardt, W.: Der Jansenismus in deutschen Landen…, 106.

[55] Hersche, P.: Der Spätjansenismus in Österreich…, 235.

[56] Hölvényi, G.: Katholische Aufklärung und Jansenismus in Ungarn…, 100.

[57] Hersche, P.: Der Spätjansenismus in Österreich…, 235.

[58] Bérenger, J.: Histoire de l’empire des Habsbourg…, 477.

[59] Pirich, G.: Franz Giftschütz (1748–1788)…, 72.

[60] Deutsche biographische Enzyklopädie (DBE). Vol. V. München, K. G. Saur, 1997. 169.

[61] Lebeau, Christine: Les livres interdits…, 254.


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